[épuisé]
Livre 2001 de la Fondation Schiller Suisse
On m’appelle Gerb et je suis inutile. Rien d’autre qu’un
estomac cerclé de langes. A longueur de journée, je bave sur mon t-shirt de
coton bleu. C’est ainsi, je n’y peux rien, personne ne peut rien pour moi. Au
printemps prochain, cela fera dix-huit années que je me moisis dans un univers
insipide et terne, dix-huit ans dont neuf enfermé au bunker des Mimosas, centre
de traitement tout de béton et de néons spécialement conçu pour gérer les
déchets de mon genre. Une fête sera organisée en mon honneur. Il y aura des gâteaux
secs, des ballons, peut-être quelques cadeaux achetés le matin même. Il faudra
en déchirer les papiers glacés pour moi car je n’ai ni bras ni jambes. En lieu
et place, quatre moignons d’un demi-centimètre. A ma naissance, des morceaux de
doigts terminaient ces boutefas. Les chirurgiens les ont trouvés encombrants et
en ont pris soin aussitôt. Depuis, je joue à l’homme tronc dans un monde qui se
rit de moi, espérant pourrir enfin.
[…]
Françoise Schenk, 24 Heures, 10 avril 2001
« Un ouvrage fort, poignant, dont le lecteur ne sort pas indemne. »
Pascal Helle, à propos de « Gerb », 24 Heures, 8 mai 2001
« Thomas Sandoz qui s’était révélé brillant analyste des enquêtes de l’inspecteur Derrick [...], fin portraitiste d’écrivains de sa famille (Les Sandoz, Editions Gilles Attinger) confirme avec ce roman ce qui faisait le charme de sa chronique épistémologique dans les quotidiens neuchâtelois: la vigueur d’une plume qui laisse augurer de nouveaux textes aussi divers que les intérêts de leur auteur. »
Catherine Dubuis, Ecritures, n°57, printemps 2001
« Le ton est donné, seul registre, peut-être, capable d’assumer sur plus de cent pages le thème choisi, faisant alterner l’atroce et le tendre sans atteindre à l’intolérable. Rien de plus et rien de moins que ce constat calme et lucide de l’horreur de vivre, qui débouche parfois inopinément sur la poésie […] »