352 pages
Sous des formes infiniment variées, les médecines dites parallèles ne cessent de proclamer leur fracassante nouveauté. Replacées dans une perspective historique, ces thérapeutiques montrent pourtant d’évidents liens de parenté avec des idées parfois fort anciennes, telles la confiance absolue dans le pouvoir guérisseur de la nature ou la responsabilisation du patient dans sa propre guérison.
Un autre paradoxe tient à ce que ces thérapeutiques « douces » résultent souvent de positions dogmatiques d’une extrême rigidité. Leurs histoires, souvent stupéfiantes, peignent une fresque bariolée où se croisent en toute libéralité mystiques et hommes de bonne volonté, prix Nobel et charlatans avérés. Elles montrent surtout que les aromathérapies, drainages lymphatiques, ostéopathies, intégration structurales et autres régimes « naturels » sont l’ombre portée de la médecine traditionnelle – ombre d’autant plus insistante que cette dernière se fait plus technique et en vient volontiers à oublier son principal objet: le patient.
Ouvrage traduit en catalan : Historias paralelas de la medicina (FCE, 2010)
Ouvrage traduit en turc: Alternatif Tip Tarihi (DOST, 2010)
Revue de presse (partielle)
Thomas Sandoz était l’invité de Jacques Pradel, sur Europe 1, le mercredi 16 février 2006, de 9h à 10h30.
Le Devoir (Montréal), 28-30.01.05 - Ceux qui souhaitent en savoir plus sur les médecines dites parallèles liront avec intérêt Histoires parallèles de la médecine, de Thomas Sandoz (Seuil), qui propose un voyage au coeur de l’histoire de ces pratiques ancestrales louangées par les uns et répudiées par les autres. Une petite mise en contexte ne fera certainement pas de tort et devrait aider à calmer les esprits échaudés et les croyants convaincus de tout acabit.
Les Echos - Le Quotidien de l’économie (Chronique Livres) - Extrait d’un article paru le 23.02.2005 - Disponible (payant) par le site Les Echos - [...] Face à l’explosion d’irrationalité dont sont taxés nos contemporains, la force de ce livre est de replacer les ces prétendues nouveautés dans des filiations souvent fort anciennes. L’autre mérite de ce livre est aussi de souligner à quel point ces thérapeutiques « douces » résultent souvent de positions dogmatiques d’une extrême rigidité. Enfin, il montre combien l’aromathérapie, le drainage lymphatique, l’ostéopathie, l’intégration structurale et autres régimes « naturels » sont l’ombre portée de la médecine traditionnelle – ombre d’autant plus insistante que cette dernière se fait plus technique, quitte à oublier son principal objet: le patient. Ce livre érudit sans jamais être ennuyeux plaira sûrement davantage à ceux que les médecines traditionnelles laissent sceptiques. Il est pourtant aussi fort instructif pour les autres.
Dimedia (hiver-printemps 2005) - S’interdisant de rouvrir pour la énième fois le débat sur la justification scientifique des médecines parallèles, l’auteur adopte ici une perspective historique qui permet de suivre les retours cycliques de la plupart de ces projets thérapeutiques. Du mesmérisme et de l’homéopathie aux muesli, Corn Flakes et autres salades grecques assurant une alimentation optimale, via les fleurs de Bach émettant de subtiles senteurs, de l’hydrothérapie à tous les raffinements du massage, de la chromothérapie aux effets bénéfiques des aimants, il propose une histoire pleine de surprises et d’anecdotes.
© Diffusion Dimedia Inc, Ville Saint-Laurent (Québec)
Le Quotidien du Médecin
Psychiatrie, thérapies non conventionnelles / Du bon usage de la connaissance
Dr Caroline Martine, Le Quotidien du Médecin, Issy les Moulineaux cedex 9
[Extrait de l’article: http://www.quotimed.com/journal/index.cfm?fuseaction=viewarticle&DArtIdx=210468 ]
Croire et guérir marchent main dans la main.
Thomas Sandoz n’a pas voulu faire une histoire exhaustive des thérapeutiques non orthodoxes, mais s’arrêter sur quelques figures principales qui ont marqué le paysage sanitaire en Europe et aux Etats-Unis au cours des trois derniers siècles, des thérapies aux fleurs aux médecines énergétiques et magnétiques en passant par les diètes, les cures d’eaux, l’ostéopathie et l’homéopathie. Son objectif semble plutôt de rompre le dialogue de sourds entre médecine académique et pratiques dites parallèles pour le bénéfice des patients et celui des praticiens. Sa perspective historique d’épistémologue permet d’éclairer les liens existant entre des pratiques hétérodoxes apparemment éloignées, de montrer comment la connaissance de pratiques contestées - et souvent contestables - peut enrichir une pratique plus orthodoxe. L’idée de Thomas Sandoz n’est pas d’évoquer leurs qualités ou leurs défauts du point de vue des sciences médicales, mais d’envisager leur histoire en montrant la logique propre de chaque système, les méthodes de raisonnement de leurs concepteurs et les attentes des patients, ainsi que le contexte socio-économique dans lequel ils ont vu le jour.
Sous le ciel de la médecine hétérodoxe, pas grand-chose de nouveau, constate-t-il : si les techniques et les apparences des remèdes changent, fournissant autant d’anecdotes savoureuses, l’hippocratisme et l’ode à la nature guérissante, bases théoriques indispensables de ces pratiques, demeurent. Ainsi, la passion pour les compléments alimentaires, les manipulations physiques ou l’homéopathie n’est pas propre à notre société de consommation. Quant à la dénégation des médicaments, elle était déjà au coeur de nombreuses doctrines du XIXe siècle ! Si l’offre thérapeutique dont disposent les patients aujourd’hui, logique économique libérale aidant, est bien supérieure à celle d’avant, ce qui change fondamentalement est l’objet de prédilection de ces projets thérapeutiques : « On observe un déplacement des centres d’intérêt du corps vers la psyché », note T. Sandoz.
Le patient se trouve confronté à une multiplicité de projets thérapeutiques censés lui permettre de recouvrer un bien-être corrompu. Dès lors, comment les praticiens peuvent-ils aider ces sujets perdus, écartelés entre le mépris des détracteurs et la foi des partisans sectaires ? En rompant avec le dénigrement pur et simple des alternatives en matière des soins, répond Thomas Sandoz, en comprenant ces systèmes étranges, ces médecines hétérodoxes, qui en disent long sur les attentes des patients, en prenant la distance nécessaire pour échapper au dialogue de sourds. « L’anthropologie médicale et l’histoire des idées rejoignent alors la psychologie de la santé pour raconter comment le commun des mortels tente de faire face, parfois au prix d’un jeu de dupes librement consenti, aux aléas de l’humeur et aux vicissitudes des chairs », conclut l’épistémologue. « Dans la prise en charge individuelle d’un patient, la part subjective ne doit pas contredire l’objectivité, elle doit l’humaniser selon des processus qui n’ont rien de magique », soulignait l’orthodoxe Alain Gérard.
MidiLibre.com (11 mars 2005; extrait) - Thomas Sandoz, docteur en psychologie et spécialisé en histoire des sciences, nous invite à un voyage passionnant dans l’histoire des médecines parallèles. [...] Au fil de la lecture, on remarque que malgré leur prétention à la nouveauté, ces thérapeutiques montrent d’évidents liens de parenté avec des idées parfois fort anciennes, telles la confiance absolue dans le pouvoir guérisseur de la nature ou la responsabilisation du patient dans sa propre guérison. L’auteur ne questionne pas leur efficacité, ce n’est pas son propos. Il s’attache à montrer le rapport au fil du temps entre les approches orthodoxes et les thérapeutiques parallèles, des rapports souvent conflictuels mais qui sont parfois source de progrès profitant au principal intéressé : le patient.
© Journaux du Midi 2003, Montpellier.
L’ombre de la médecine
L’Impartial - L’express (26 février 2005, extraits)
Santé – Aujourd’hui, les thérapeutiques alternatives fleurissent sur le marché. Comment sont-elles nées? Le Chaux-de-Fonnier Thomas Sandoz en retrace l’histoire dans un livre également destiné au grand public
Propos recueillis par Dominique Bosshard
Quel est l’objectif de ces «Histoires parallèles de la médecine»?
Thomas Sandoz: Ce qui m’intéressait, c’était de raconter comment sont nées les principales médecines «complémentaires» qui peuplent le marché de la santé. Qui les a proposées et dans quels contextes scientifique, culturel ou social. On remarque que, souvent, ces propositions sont liées à des révélations. Quelqu’un a un parcours de vie exceptionnel, souvent dramatique, et, suite à une guérison contre toute attente, soutient qu’il a un nouveau moyen pour guérir son prochain. Mon propos n’est pas critique. J’adopte un point de vue distant; un point de vue anthropologique devrait-on dire, un peu particulier dans la mesure où l’on observe sa propre culture. J’ai voulu rapporter ces aventures thérapeutiques, et le lecteur est seul juge. Si l’histoire que je raconte se termine par un emprisonnement, on peut en déduire que quelque chose n’a pas joué. Si on souligne les bienfaits de telle ou telle approche, on peut estimer qu’il y avait quelque chose d’intéressant à conserver. Je ne parle ni de preuves ni d’efficacité ni de controverses de type scientifique, ou alors seulement par la bande.
Ces histoires commencent au début du 19 siècle. Pourquoi?
T. S.: Les thérapeutiques non orthodoxes, comme leur nom l’indique, se développent à partir du moment où existe une façon de soigner qui fait autorité et contre laquelle ces pratiques s’opposent. C’est ce qui arrive au cours du 19e siècle, par le développement des corporations de médecins et de pharmaciens, et surtout par l’évolution des savoirs médicaux qui discréditent les arts de guérir ancestraux. Avant cette époque, la distinction entre orthodoxes et non orthodoxes n’a pas de sens.
Aujourd’hui, on a l’impression que ces médecines non orthodoxes foisonnent. Qu’en est-il réellement?
T. S.: A mon avis, c’est une perspective faussée, au sens où il y en a toujours eu énormément. Les thérapeutiques non orthodoxes ont toujours été l’ombre de la médecine académique. Mais aujourd’hui, on assiste à deux phénomènes: la médecine se spécialise, et chaque spécialisation génère son «alternative». Il y a donc une démultiplication, mais celle-ci est purement numérique, elle ne multiplie pas les territoires. On est aussi, c’est par contre un réel changement, à l’ère des psychotechniques. Celles-ci prennent le pas sur les traditionnelles médecines non orthodoxes, davantage liées aux troubles somatiques. Et là, effectivement, il y a une explosion d’outils visant le développement personnel. Mais c’est une autre histoire dont, par manque de place, je parle hélas peu dans ce livre-ci.
Des tendances se dessinent-elles selon les siècles?
T. S.: Quand on établit un arbre généalogique de toutes ces thérapeutiques, on constate que ce sont toujours les mêmes idées qui reviennent. Cette histoire de la médecine non orthodoxe est aussi une histoire d’imitation. Depuis l’Antiquité, les filiations se poursuivent sans rupture. Seul le vocabulaire évolue en fonction des époques. On peut remonter, par exemple, de la gymnastique thérapeutique à l’aérobic!
Ces médecines parallèles n’influencent-elles pas le cours de la médecine officielle?
T. S.: Oui. On n’est pas obligé d’être pour ou contre, c’est ce qui est passionnant quand on explore ces généalogies. On peut simplement constater que les grandes thérapeutiques non orthodoxes du 19e siècle, telles que le thomsonisme aux Etats-Unis ou l’homéopathie par exemple, ont forcé la médecine «héroïque», qui faisait la part belle aux sangsues, aux saignées, à des médicaments très agressifs, que ces thérapeutiques, donc, ont forcé la médecine à se réadapter. Autre exemple: à chaque fois que quelqu’un arrive sur le marché en prétendant avoir trouvé la solution pour guérir du cancer, toute la mécanique académique se met en marche pour évaluer cette solution. Automatiquement, la connaissance progresse; ces thérapeutiques ne sont donc pas inutiles.
[...]
© SNP Société Neuchâteloise de Presse SA, tous droits de reproduction et de diffusion réservés.
Réseau Proteus (source: http://www.reseauproteus.net/fr/P/Bibliotheque/Fiche.aspx?doc=Biblio_5671)
Commentaire de Lucie Dumoulin (extrait)
Bien qu’il existe une abondance de livres sur les approches « alternatives » et plusieurs ouvrages importants sur les principaux courants, on n’avait encore jamais vu de travail général et non critique. En voici enfin un, que l’on doit à un vulgarisateur scientifique français, Thomas Sandoz, formé en épistémologie (l’histoire des idées) et en psychologie. Des deux derniers siècles en Occident (essentiellement les États-Unis, l’Allemagne et la France), il a retenu le travail d’environ 500 innovateurs - de Mirko Beljanski à Thérèse Bertherat, d’Herbert Shelton à Rudolf Steiner. Et c’est avec fascination que l’on voit dans quel contexte social, culturel et scientifique leurs idées ont émergé et comment elles se rattachent souvent à des principes similaires.
Grâce à sa perspective exceptionnelle sur le monde parallèle de la santé, cette histoire devrait donc intéresser tous les intervenants de ce milieu et même le public en général. Surtout que le livre ne fait pas savant et nous épargne le vocabulaire difficile. On y voit bien comment la contestation de la médecine officielle est une réalité permanente. Et on se réjouit à l’idée que la médecine orthodoxe, qu’elle le reconnaisse ou non, a été influencée de plusieurs manières par ces approches.
Mais cette lecture est quand même troublante. Parce qu’il s’agit d’un survol, la brièveté des descriptions dessert plusieurs approches qui, de ce fait, apparaissent plutôt saugrenues (et plusieurs le sont, à n’en pas douter). L’auteur, en tout cas, ne peut certainement pas être accusé de complaisance à l’égard de son sujet.
Hippocrate, un des grands esprits de l’Antiquité, fut le premier à affirmer que l’art de soigner s’appuie forcément sur les lois universelles qui régissent la nature. Mais cette notion n’est pas comprise de la même manière ni avec la même ampleur par tous, et cela fluctue dans le temps, comme le rappelle Sandoz.
[...]
Lucie Dumoulin, (c) Réseau Proteus / Prévention et santé - Une approche intégrée
Source: Mysic-livres (http://livres.mysic.fr/2020607034++Histoires+Paralleles+De+La+Medecine)
L’auteur dresse ici un panorama complet des thérapeutiques parallèles, envisageant successivement les médecines basées sur les plantes, les substances diverses, les régimes, les bains, les massages et les différents magnétismes.
Thomas Sandoz fait preuve d’une louable neutralité, ne cherchant pas à démontrer l’inanité ou l’efficacité de telle médecine douce. Il ne prend pas partie de façon sectaire pour encenser la médecine officielle ou les médecines douces et en condamnant en parallèle l’autre partie. Son propos est plutôt d’analyser l’émergence et les bases de ces différentes médecines, en racontant dans quelles conditions leurs créateurs leur ont donné le jour... et plusieurs histoires sont vraiment étonnantes.
La lecture est facile et instructive, agrémentée de fréquents jeux de mots en tête de paragraphe. Le livre se termine sur deux index très commodes pour retrouver un sujet donné : un index des thérapeutiques et un autre des inventeurs. En résumé, un bon bouquin distrayant, instructif, et qui prête à réflexion pour qui le souhaite.