Un esprit curieux au service d’une plume prometteuse


Un esprit curieux au service d’une plume prometteuse (Jean-Pierre Jelmini, 2000)

Thomas Sandoz vu par Jean-Pierre Jelmini, extrait du livre « Les Sandoz - Du Moyen Age au troisième millénaire », Éditions Gilles Attinger, 2000, page 283

«Rencontrer ou lire Thomas Sandoz est une fête de l’esprit et du langage. On est rapidement frappé par deux de ses atouts majeurs: une intelligence curieuse de tout et une volonté sans faille de s’en servir pour interpeller son vis à vis. Au point qu’aucun sujet susceptible de générer un débat d’idées ne le laisse indifférent.

Plein d’illusions, Thomas entreprend des études universitaires dans lesquelles il espère rencontrer la “liberté académique” dont le système se targue. Hélas, à part le bonheur qu’il trouve à fréquenter la riche bibliothèque de l’Université de Lausanne, il lui faut abandonner quelques illusions avant d’obtenir en 1999 le doctorat en psychologie qu’il acquiert, avec une ironie désabusée, comme un sésame pour le monde de l’écriture.

Tenaillé par le désir d’écrire, Thomas mêle très tôt son grain de sel au débat d’idées qui, selon lui, devrait agiter le monde en permanence. Deux quotidiens neuchâtelois offrent à cet étudiant de 24 ans de pleines pages à remplir sur un thème de son choix. Ainsi paraissent, depuis 1991, sous la signature de “Thomas Sandoz, épistémologue” plusieurs centaines d’articles de vulgarisation (sociologie, philosophie, sciences exactes, etc.), dont les premiers sont aujourd’hui réunis dans un bel ouvrage, judicieusement intitulé En somme... De quelques prêts-à-penser au quotidien. En procédant à un tamisage systématique des scories sédimentées de nos vieilles certitudes, ce livre se révèle un authentique stimulant de l’esprit.

Mais le jeune écrivain chaux-de-fonnier ne se satisfait pas de provoquer chez ses lecteurs une émulation intellectuelle autour de ses thèmes favoris (la connaissance, les certitudes, la fabrication de l’évidence, etc.), il veut aussi parler au coeur. Au moyen de petits textes denses, taillés dans la chair même de l’humain, il “décortique la terreur du quotidien” dans 99 minimes, récompensé d’un prix littéraire en 1997.

Puis, avec un grand retentissement, il s’intéresse au mythique inspecteur Derrick, en étudiant le texte des 281 scénarios de la série, tous dus à Herbert Reinecker. En vrai sociologue des médias, Thomas extrait de son analyse une réflexion aussi structurée qu’agréable à lire, parue en 1999 sous le titre Derrick - L’ordre des choses. Cette approche unique et reconnue d’un phénomène de masse est saluée par la critique internationale.

Tandis que se prépare la publication de sa thèse L’homéopathie comme rituel de conjuration, le jeune et pétillant épistémologue continue à se passionner pour le monde de l’écriture. En attendant, et parce qu’il adore ça, il “fait de la poésie en écrivant des textes - et parfois des musiques - à chanter”.»

Jean-Pierre Jelmini, ancien conservateur du Musée historique et des Archives de la Ville de Neuchâtel, auteur de nombreux ouvrages, docteur honoris causa de l’Université de Neuchâtel.
[texte publié en 2000]